Les records UTMB : temps, exploits et légendes

l’UTMB, le Graal de l’ultra-trail

L’Ultra‑Trail du Mont‑Blanc (UTMB) est sans doute l’épreuve d’ultra‑trail la plus prestigieuse au monde. Il s’étend sur 171 km et plus de 10 000 m de dénivelé positif, entre France, Italie et Suisse, autour de Chamonix. Cet événement est en réalité un festival trail international, avec plusieurs formats clés :

• UTMB : la course reine, 171 km et environ 10 000 m D+

• CCC (Courmayeur–Champex–Chamonix) : 100 km d’enfer entre vallées alpines (6 000–6 100 m D+)

• TDS (Sur les Traces des Ducs de Savoie) : 145 km, 9 100 m D+, parcours plus technique et sauvage 

Chaque fin d’été, les meilleurs mondiaux s’y affrontent, et les records UTMB deviennent de véritables références dans le milieu de l’ultra‑trail.

Les records UTMB officiels (avant l’édition 2025)

Record UTMB de vitesse

Le record officiel de vitesse, côté masculin, est donc détenu depuis 2017 par le Français François d’Haene. Il est délicat de comparer les chronos d’une année à l’autre car le tracé évolue régulièrement pour des raisons de météo et de sécurité. Et sur de telles distances, la moindre différence de dénivelé positif ou négatif a un impact considérable sur le temps de parcours.

En 2017, de nombreuses conditions étaient réunies pour permettre à François D’Haene d’établir cette marque historique : des conditions météo parfaites mais aussi et surtout la présence de trois autres légendes du parcours : Kilian Jornet, Jim Walmsley et Xavier Thévenard ; le quatuor se livrant pour l’occasion une concurrence féroce.

Autres records de l’UTMB

• Le vainqueur le plus âgé : Marco Olmo, 58 ans en 2007 

• Le vainqueur le plus jeune : Kilian Jornet, 20 ans en 2008

• Le plus grand nombre de victoires chez les hommes : François D’Haene et Kilian Jornet, 4 victoires chacun

• Le plus grand nombre de victoires chez les femmes : Lizzy Hawker avec 5 succès

Les grandes figures de l’UTMB

Chez les hommes :

• François D’Haene (France) – quadruple vainqueur (2012, 2014, 2017, 2021), détenteur du record officiel. Il est aussi vainqueur de plusieurs éditions du Grand Raid de la Réunion (La Diagonale des Fous) et multiple champion du monde de trail.

• Kílian Jornet (Espagne) – quadruple vainqueur lui aussi, véritable icône du trail. Il détient l’un des temps de référence, mais excelle aussi en ski-alpinisme et en très longue distance.

• Jim Walmsley (États-Unis) – premier Américain masculin à remporter l’UTMB (2023). Il est également recordman sur des ultras comme Western States ou Leadville, reconnu pour ses relais spectaculaires en descente.

• Xavier Thévenard (France) – unique coureur à avoir remporté la CCC, la TDS et l’UTMB. Endurance, régularité et adaptabilité sont ses principaux atouts.

• Mathieu Blanchard (France/Canada) – ancien ingénieur devenu ultra‑traileur professionnel. Il a terminé 3ᵉ à l’UTMB en 2021, 2ᵉ en 2022, et s’est classé 4ᵉ en 2023. En 2024, il remporte la Diagonale des Fous à La Réunion dès sa première participation, malgré une préparation compliquée suite à une blessure au tendon d’Achille. Il s’est aussi illustré dans des ultras prestigieux comme le Marathon des Sables, la Western States, la Yukon Arctic Ultra (plus de 600 km en moins de 8 jours), et le Hardrock 100.

Chez les femmes :

• Lizzy Hawker (Royaume-Uni) – détentrice du record féminin de victoires (5) sur l’UTMB. Pionnière du trail moderne, réputée pour son endurance extrême et son aisance en altitude.

• Courtney Dauwalter (États-Unis) – multiple vainqueure d’UTMB, excelle dans les ultras extrêmes (Moab 240, Big Dog’s Backyard Ultra), connue pour son mental inébranlable.

• Katie Schide (États-Unis) – recordwoman 2024 (22 h 09 min 31 s), installée en Haute-Savoie. Elle est aussi championne de l’UTMB en 2022 et une figure montante du trail international.

• Nathalie Mauclair (France) – seule Française à avoir remporté l’UTMB, en 2015, avec un temps de 25 h 15 min 33 s. Double championne du monde d’ultra-trail (2013, 2015) et vainqueure de la Lavaredo Ultra Trail, elle est l’une des figures les plus marquantes du trail féminin français.

• Sophie Power (Royaume-Uni) – en 2018, le cliché la montrant en train d’allaiter sur le parcours son fils Cormac, né 3 mois avant le départ, a été choisie par The Guardian comme une des 50 photos qui ont remodelé le sport. Obligée de déclarer forfait pour la cours en 2014 suite à sa grossesse, Sophie Power avait tenté en vain de se réinscrire en 2016 et en 2017. Ayant enfin obtenu son dossard en 2018, il était hors de question pour elle de renoncer à son rêve. Loin ‘être une action militante, son geste de maman est cependant devenu une des images les plus marquantes de l’histoire de l’UTMB, alimentant positivement le dialogue sur les inégalités de genre dans le sport. 

Éditions mythiques et performances inoubliables

• 2017 : D’Haene établit un temps de référence (19 h 01 min 32 s) sur parcours complet après une lutte mémorable avec Kilian Jornet, Jim Walmsley et Xavier Thévenard.

• 2022 : Journée historique — Kílian Jornet égale le nombre de victoires de D’Haene).

• 2023 : Walmsley marque l’histoire en tant que premier Américain vainqueur (19 h 37 min 43 s), mais sans homologation de son chrono.

• 2024 : Victoire surprise de Vincent Bouillard (France, 19 h 54 min 23 s) et record féminin officialisé par Katie Schide.

L’édition 2025 : dates, parcours, favoris et favorites

L’édition 2025 se tiendra du lundi 25 au dimanche 31 août à Chamonix, avec la course reine UTMB programmée pour le vendredi 29 août à 17 h 45, légèrement avancée par rapport aux années précédentes.

Suite à des chutes de pierres sur le tronçon entre Chamonix et Les Houches, le parcours final a été retravaillé pour garantir la sécurité des participants. La distance est portée à 174 km avec 9 900 m de dénivelé positif.
Plus de 121 nationalités seront représentées sur la ligne de départ, un record témoignant de l’attrait mondial et de l’universalité croissante de l'événement. La course attire toujours plus de participants : la demande pour l’édition 2025 a grimpé de 30 % comparée à 2024, avec près de 8 900 candidatures pour l’UTMB et 6 000 pour la CCC.

Favoris et favorites au départ

Chez les hommes, la bataille s’annonce ouverte suite au forfait de Jim Walmsley (tenant du titre). Les principaux prétendants incluent :

• Francesco Puppi (Italie), en pole position avec un indice UTMB exceptionnel de 932 points.

• ainsi que les Français Ludovic Pommeret, Germain Grangier, et le revenant François D’Haene qui visera une 5e couronne.

Chez les femmes, la course se dessine comme une confrontation entre légendes :

• Courtney Dauwalter (États-Unis) – véritable icône de l’ultra-trail, triple vainqueure de l’UTMB (2019, 2021, 2023). Connue pour sa capacité à dominer même sur plusieurs ultras rapprochés, elle a enchaîné en 2023 la Western States, le Hardrock 100 et l’UTMB en moins de deux mois — un exploit inédit. Son endurance hors norme et son mental à toute épreuve font d’elle la référence à battre.

• Katie Schide (États-Unis) – recordwoman de l’UTMB (22 h 09 min 31 s en 2024) et championne 2022. Installée en Haute-Savoie, elle connaît parfaitement le terrain et allie gestion tactique et constance, ce qui la rend redoutable dans les longues ascensions et les changements de rythme.

• Marianne Hogan (Canada) – vice-championne de l’UTMB 2022, également sur le podium de la Western States la même année. Athlète technique et résiliente, elle s’est imposée sur plusieurs courses de la série UTMB World et rêve d’un premier succès sur la grande boucle du Mont-Blanc.

Jusqu’où peut-on aller ?

Les records de l’UTMB semblent déjà flirt­er avec les limites humaines… mais l’histoire de l’ultra-trail a prouvé à plusieurs reprises que ces limites peuvent reculer.

Chez les hommes, passer sous la barre symbolique des 19 heures sur le parcours complet homologué est l’objectif implicite. Cela supposerait une course sans accroc : météo clémente, conditions de terrain idéales, absence de problèmes digestifs, et une concurrence suffisamment forte pour maintenir un rythme élevé du début à la fin. Des coureurs comme Jim Walmsley, Kilian Jornet ou François D’Haene ont déjà montré qu’ils peuvent tenir des allures incroyables en montagne. Avec la montée en puissance de talents comme Mathieu Blanchard, le record pourrait être menacé dans les années à venir.

Chez les femmes, descendre sous les 22 heures paraît désormais envisageable. Katie Schide, en établissant son record en 2024, a prouvé qu’un gain de quelques minutes est possible avec un effort parfaitement calibré. Courtney Dauwalter, malgré un style plus offensif, a démontré que la résistance et la capacité à encaisser la fatigue sont des atouts majeurs pour viser encore plus haut.