Périostite tibiale : tout ce qu’il faut savoir
Douleur sur le bord interne du tibia, gêne qui s’intensifie à chaque foulée, sensation de brûlure après l’entraînement… Si vous êtes coureur, vous avez sûrement déjà senti cette douleur sourde sur le tibia après quelques kilomètres : Il s’agit sans doute d’une périostite tibiale, une blessure aussi fréquente que frustrante chez les sportifs.
Cette inflammation du périoste — la membrane qui entoure l’os — touche particulièrement les coureurs, mais aussi les adeptes de sports à impacts répétés comme le basket, le trail ou la danse.
Souvent considérée comme une « petite douleur », la périostite tibiale peut pourtant devenir un vrai frein à la progression si elle n’est pas prise en charge correctement. Comprendre ses causes, savoir l’identifier tôt et adopter les bons réflexes de récupération sont essentiels pour éviter qu’elle ne s’installe dans la durée.
Dans cet article, on vous explique tout ce qu’il faut savoir sur la périostite tibiale : symptômes, causes, traitements, prévention… et comment reprendre votre pratique sportive en toute sérénité.
Comprendre la périostite tibiale
Qu’est-ce que la périostite tibiale exactement ?
La périostite tibiale (ou shin splints en anglais) désigne une inflammation du périoste, cette fine membrane qui enveloppe l’os du tibia. Le périoste contient de nombreux vaisseaux sanguins et terminaisons nerveuses — c’est lui qui nourrit l’os et lui permet de se régénérer.
Quand il est irrité ou sursollicité, la douleur s’installe, souvent sur la face interne du tibia, à quelques centimètres au-dessus de la cheville.

Imaginez votre tibia comme un câble tendu : quand les muscles tirent trop fort, la gaine (le périoste) s’irrite. C’est exactement ce qui se passe lors d’une périostite.
Concrètement, cette inflammation apparaît quand les muscles et tendons qui s’attachent au tibia tirent trop fort sur cette membrane. La répétition des impacts (course, sauts, changements de direction…) crée des microtraumatismes qui, à force, dépassent la capacité d’adaptation du périoste.
Il existe deux formes cliniques connues :
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Périostite médiale diffuse (classique)
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Fracture de stress localisée
La périostite : une pathologie de surmenage
La périostite n’est pas une « vraie blessure » au sens d’une rupture ou d’une lésion isolée. C’est un syndrome de surutilisation, résultat d’un déséquilibre entre la charge imposée au corps et sa capacité à s’y adapter.
Elle survient souvent :
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quand on augmente trop vite l’intensité ou le volume d’entraînement,
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ou quand on néglige la récupération (sommeil, hydratation, étirements).
C’est un peu le signal d’alarme du corps : « Tu vas trop vite, trop fort ».
Les sportifs concernés
La périostite tibiale touche :
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les coureurs à pied, toutes distances confondues,
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les sportifs de sports collectifs (football, basket, rugby…),
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les danseurs,
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et parfois même les randonneurs ou militaires, soumis à de longues marches avec charge.
Les débutants y sont particulièrement exposés : leurs muscles ne sont pas encore habitués aux chocs répétés. Mais les athlètes expérimentés peuvent aussi en souffrir s’ils modifient leurs habitudes (nouveau terrain, chaussures, ou cycle d’entraînement plus intense).
Les causes principales de la périostite tibiale
Une question de terrain, de chaussures ou de technique ? Il n’existe pas une seule cause, mais un ensemble de facteurs mécaniques, techniques et parfois biologiques qui s’additionnent.

Une augmentation trop rapide de la charge d’entraînement
C’est la cause numéro un. Le périoste a besoin de temps pour s’adapter à l’intensité et au volume de travail.
Passer de 20 à 40 km par semaine en deux semaines, ou enchaîner des séances de fractionné sans récupération suffisante, augmente le risque d’inflammation.
Règle d’or : ne pas dépasser 10 % d’augmentation de volume par semaine.
Un mauvais amorti ou des chaussures inadaptées
Les chaussures usées, trop rigides ou simplement mal adaptées à sa foulée peuvent amplifier les impacts.
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Des semelles trop fines n’absorbent pas les chocs.
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Des chaussures trop lourdes ou trop stables peuvent modifier la biomécanique naturelle du pied.
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Et inversement, trop de souplesse peut engendrer une instabilité de la cheville.
Un bilan podologique peut aider à vérifier si la foulée est neutre, pronatrice ou supinatrice, et si des semelles correctrices sont nécessaires.
Un terrain trop dur… ou trop irrégulier
Bitume, béton, sols synthétiques : autant de surfaces qui augmentent la contrainte sur le tibia.
À l’inverse, les terrains très mous (sable, pelouse humide) peuvent aussi fatiguer les muscles stabilisateurs.
L’idéal ? Varier les surfaces au fil de la semaine et éviter les pentes prolongées en descente, très traumatisantes pour la jambe.
Des déséquilibres musculaires
Les muscles du mollet (triceps sural), du tibial postérieur ou du long fléchisseur des orteils peuvent tirer de manière excessive sur le périoste.
Un déséquilibre entre la face avant et la face arrière de la jambe accentue les tractions.
Un travail de renforcement et de mobilité ciblé permet de rééquilibrer tout ça : mollets, fessiers, gainage, proprioception.
Des erreurs techniques de course
Une attaque talon trop marquée, une foulée trop tendue ou une cadence trop lente augmentent les chocs au sol.
Des micro-ajustements peuvent suffire :
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viser une cadence autour de 170–180 pas/minute,
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raccourcir légèrement la foulée,
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et privilégier une attaque médio-pied pour mieux répartir les forces.
Les facteurs morphologiques et physiologiques
Certaines personnes présentent une prédisposition :
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pieds plats ou creux,
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jambes arquées (genu varum),
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ou encore troubles de la posture (bassin en antéversion, genoux tournés).
Ces particularités ne sont pas des fatalités, mais elles demandent une adaptation individualisée du matériel et de l’entraînement.
Le manque de récupération
Enfin, un facteur souvent négligé : la récupération.
Un manque de sommeil, une alimentation pauvre en nutriments réparateurs (vitamines, minéraux, protéines), ou une hydratation insuffisante réduisent la capacité du périoste à se régénérer.
Et c’est là que les douleurs chroniques s’installent.

Reconnaître les symptômes de la périostite tibiale et poser le bon diagnostic
Selon la Société Française de Médecine du Sport, la périostite tibiale représente jusqu’à 16 % des blessures liées à la course à pied.
Les signes caractéristiques de la périostite
Le symptôme typique de la périostite tibiale, c’est cette douleur diffuse sur la face interne du tibia, qui :
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apparaît en début d’entraînement,
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s’atténue à chaud,
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puis revient, souvent plus forte, après l’effort.
Elle est localisée sur quelques centimètres de long, et sensible à la palpation.
Parfois, la zone est légèrement gonflée ou présente une chaleur locale.
Bon à savoir : La douleur liée à une périostite ne disparaît pas toujours à chaud : c’est un signe qu’elle s’installe.
L’évolution typique
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Phase 1 : simple gêne après les séances, supportable.
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Phase 2 : douleur persistante à l’échauffement, qui finit par gêner la performance.
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Phase 3 : douleur présente même au repos, signe que l’inflammation est installée.
Ignorer la douleur est le pire réflexe : cela peut conduire à une fissure de stress du tibia, beaucoup plus longue à guérir.
Différencier la périostite d’autres pathologies
D’autres affections peuvent provoquer des douleurs similaires :
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fracture de fatigue du tibia,
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syndrome des loges,
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tendinopathie du tibial postérieur,
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ou trouble vasculaire plus rare.
D’où l’importance de consulter un professionnel de santé (médecin du sport, kiné, podologue) pour confirmer le diagnostic.
L’imagerie (IRM ou scintigraphie osseuse) n’est pas toujours nécessaire, mais elle permet de trancher en cas de doute.
Ce que disent les sensations
Les sportifs décrivent souvent la périostite comme une brûlure sourde ou tirante, parfois accompagnée d’une sensation de tension dans la jambe.
Ce n’est pas une douleur aiguë et localisée (comme une déchirure), mais plutôt une douleur de fond qui s’amplifie avec la répétition.
Le test simple
Un test clinique fréquemment utilisé :
appuyer avec le pouce sur la face interne du tibia.
Si la douleur est vive, et que la pression reproduit exactement la gêne ressentie à l’effort, il y a de fortes chances que le périoste soit en cause.
Comment prévenir et soigner une périostite tibiale ?
La bonne nouvelle, c’est qu’une périostite tibiale se soigne très bien. Mais à condition d’agir tôt — et surtout, de comprendre que la clé se trouve autant dans la prévention que dans la récupération.
La prévention de la périostite tibiale repose sur une approche globale : entraînement, récupération, et une alimentation adaptée riche en nutriments anti-inflammatoires naturels.
Voici les étapes et stratégies validées par les kinés, médecins du sport et entraîneurs pour traiter efficacement cette inflammation et éviter qu’elle ne revienne.

Repos, patience et gestion de la charge : le trio gagnant
Lorsqu’une périostite se déclare, le premier réflexe est souvent de vouloir continuer à courir “un peu”, en se disant que “ça va passer”. Mauvaise idée.
La douleur au tibia est le signal d’un stress osseux et musculaire excessif. Ignorer ce signal ne fait qu’aggraver l’inflammation, voire conduire à une fracture de fatigue.
Accepter le repos fait partie du processus : mieux vaut lever le pied 3 semaines que s’arrêter 3 mois.
Le repos relatif est donc la première étape du traitement :
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Stopper temporairement la course ou les activités à impact (saut, sprint, danse…).
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Préserver la mobilité avec des sports “portés” : vélo, natation, elliptique, aquajogging.
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Réintroduire la course progressivement, selon la tolérance à la douleur.
En général, 2 à 6 semaines suffisent à calmer une périostite légère. Mais chaque cas est unique : si la douleur persiste au-delà de 10 jours malgré le repos, un bilan médical est indispensable pour écarter une autre lésion (fracture de fatigue, tendinopathie du tibial postérieur…).
Glace, massages et soins locaux
La périostite tibiale étant une inflammation, le traitement passe aussi par des gestes simples :
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Cryothérapie (glace) : 15 à 20 minutes, 2 à 3 fois par jour sur la zone douloureuse.
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Massages transverses doux sur le bord interne du tibia (avec une huile neutre ou anti-inflammatoire naturelle).
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Étirements ciblés du mollet et de la loge postérieure de la jambe pour réduire les tensions.
Ces gestes permettent de désengorger les tissus, stimuler la circulation locale et favoriser la cicatrisation.
Certaines études (comme celle de Yates & White, British Journal of Sports Medicine, 2004) montrent qu’un protocole combinant glace + étirements + adaptation de la charge réduit significativement les récidives.
Travailler la cause : posture, technique et chaussures
Soigner la douleur, c’est bien.
Mais corriger la cause, c’est mieux.
Vérifier sa foulée
Une pronation excessive (le pied qui “s’affaisse” vers l’intérieur) est l’un des principaux déclencheurs de la périostite.
Un bilan podologique ou une analyse de la foulée en magasin spécialisé peut aider à repérer ce déséquilibre.
Adapter ses chaussures
Des chaussures usées ou inadaptées augmentent les contraintes mécaniques.
On recommande :
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Un amorti adapté à votre poids et votre pratique.
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Un renouvellement tous les 700 à 1 000 km selon le type de semelle.
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Une semelle orthopédique si un podologue la juge nécessaire.
Corriger la technique de course
Les périostites sont plus fréquentes chez les coureurs qui :
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Ont une attaque talon marquée.
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Allongent trop leur foulée.
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Courent souvent sur bitume ou surfaces dures.
Un travail de technique (posture droite, cadence plus élevée, foulée plus courte) permet de répartir les impacts et de réduire le stress tibial.
Renforcement musculaire ciblé
Les muscles qui entourent le tibia jouent un rôle d’amortisseur.
S’ils sont trop faibles, trop raides ou déséquilibrés, les contraintes se reportent sur l’os.
C’est pourquoi la prévention musculaire est essentielle.
Exemples d’exercices utiles :
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Montées sur pointes de pieds (renforcement des mollets).
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Flexion du pied vers le haut avec élastique (travail du tibial antérieur).
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Exercices d’équilibre sur une jambe pour stabiliser la cheville.
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Pont fessier et gainage pour améliorer la posture globale.
Un renforcement régulier (2 fois par semaine) améliore la résistance du tibia aux microtraumatismes et réduit le risque de récidive.

Surface, intensité, fréquence : l’art de l’adaptation
Le corps s’adapte aux contraintes, mais il a besoin de temps.
La périostite survient souvent après une hausse brutale du volume ou de l’intensité d’entraînement.
Quelques principes simples pour éviter le surmenage :
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+10 % par semaine maximum sur le volume de course.
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Alterner les surfaces : privilégier les chemins souples, éviter le bitume dur ou les pentes excessives.
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Intégrer une semaine allégée toutes les 3 à 4 semaines.
Et surtout, écouter ses signaux corporels : la douleur tibiale n’est jamais anodine.
Un léger tiraillement peut être supportable, mais une douleur persistante doit alerter.
Nutrition et hydratation : un rôle souvent sous-estimé
Le tissu osseux, comme les muscles, a besoin d’un environnement nutritionnel favorable pour se régénérer.
Une carence en certains nutriments peut fragiliser les structures et ralentir la guérison.
Les nutriments-clés :
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Calcium, magnésium et vitamine D : essentiels à la solidité osseuse.
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Vitamine C et collagène : soutiennent la réparation des tissus conjonctifs.
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Protéines : indispensables à la régénération cellulaire.
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Glucides naturels : pour maintenir l’énergie sans surcharge digestive.
Une alimentation équilibrée, riche en fruits, légumes, oléagineux et protéines de qualité, soutient la récupération osseuse et musculaire. Certains aliments — curcuma, gingembre, poissons gras, baies — contribuent à réduire l’inflammation chronique, un facteur aggravant des douleurs tibiales.
Les produits à base de fruits mixés de la gamme Andros Sport, faciles à digérer et riches en micronutriments, peuvent aussi être intéressants avant ou après l’effort, surtout si la digestion est fragilisée.

Le retour au sport : progressif et encadré
Une fois la douleur disparue au repos et à la marche, la reprise du sport doit être progressive et planifiée :
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Commencez par des séances de footing très légères, sur sol souple.
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Alternez course et marche, puis augmentez la durée sans augmenter l’intensité.
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Intégrez des exercices de renforcement et de mobilité à chaque séance.
Astuce : gardez un journal d’entraînement pour suivre vos sensations et détecter rapidement toute rechute.
Un suivi avec un kinésithérapeute ou un coach spécialisé peut aussi aider à réadapter la charge et corriger les mauvaises habitudes.
Prévention à long terme : écoute, équilibre et régularité
Prévenir la périostite tibiale, c’est adopter une approche globale de la charge et de la récupération.
Quelques habitudes clés :
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S’échauffer avant chaque séance (mobilité de cheville, activation des mollets).
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S’étirer après, sans forcer.
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Dormir suffisamment : la régénération tissulaire se fait surtout la nuit.
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Varier les activités : vélo, renforcement, yoga ou natation entre les courses.
En somme, le corps tolère très bien l’effort… tant qu’on lui laisse le temps de s’adapter.
Quand consulter ?
Si la douleur :
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Persiste plus de 10 jours malgré le repos.
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Se réveille la nuit.
-
S’intensifie à la palpation d’un point précis.
Alors il est temps de consulter un médecin du sport.
Il pourra prescrire une imagerie (IRM ou scintigraphie) pour confirmer le diagnostic et adapter le traitement.
Une fracture de fatigue peut parfois se cacher derrière une périostite qui traîne.
En résumé
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Étape |
Objectif |
Actions clés |
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1. Repos relatif |
Diminuer l’inflammation |
Stopper la course, privilégier les sports portés |
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2. Soins locaux |
Soulager et régénérer |
Glace, massages, étirements doux |
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3. Analyse mécanique |
Corriger la cause |
Foulée, chaussures, posture |
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4. Renforcement |
Stabiliser la jambe |
Mollets, tibial antérieur, gainage |
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5. Prévention |
Éviter la récidive |
Progressivité, hydratation, sommeil |
Conclusion – La périostite n'est pas une fatalité
Comme la plupart des blessures, la périostite tibiale ne doit pas être vue comme une fatalité. Si elle est un passage délicat dans la vie d’un sportif, elle peut aussi devenir une formidable leçon d’écoute de soi.
En comprenant ses causes et en appliquant les bons réflexes, il est possible de guérir complètement et de prévenir les récidives.
Écouter son corps, adapter sa charge, renforcer ses appuis et soigner sa récupération : voilà le vrai secret d’une performance durable.
Et pour accompagner vos entraînements sans surcharger votre digestion, une alimentation équilibrée et naturelle reste votre meilleure alliée.
Parce qu’en sport, la régularité et l’écoute du corps valent toujours mieux que la précipitation.
